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22 Mar 2023 | La minute culture

Le Tortillard : le p’tit train de l’île de Ré

La belle île de Ré, l’île à vélo a autrefois été une île avec son petit train. Il ne s’agit pas du petit train touristique que l’on voit de nos jours pour visiter les centres d’intérêts d’une ville ou d’un parc mais bel et bien d’un train à valeur économique.   

Au 19ème siècle, l’île de Ré voit son commerce de sel et des vignes croître. Pour favoriser son développement, l’idée de doter l’île d’un chemin de fer apparaît en 1877 par le Conseil Général de la Charente-Inférieure (ancien nom de la Charente-Maritime). Le petit train à vapeur sera mis en service en 1898, il permettra de relier les principaux villages : de Sablanceaux aux Portes sur 36,5 km.

A ces débuts, il comprend quatre locomotives puis s’ajoute une cinquième en 1904. Le matériel remorqué est de onze voitures au confort très sommaire dont une de première classe avec des sièges rembourrés. Lors des périodes de gel, des bouillottes sont distribuées aux voyageurs pour faire office de chauffage. Vingt-quatre wagons sont réservés aux marchandises, une aubaine pour les transports de denrées notamment pour les sauniers qui peuvent mettre jusqu’à 10 tonnes de sel dans une rame. Avant de rejoindre le port de Saint-Martin-de-Ré, qui à l’époque était essentiellement un port de marchandise. Le port de pêche quant à lui était situé à La Flotte, bien que les Rétais n’étaient pas très copain-copain avec l’océan à cette époque (lassés des tempêtes et des nombreuses inondations).

La construction des rails en nombreuses courbes empêchait le train d’aller à une vitesse excessive. Sa vitesse de pointe était de 20km/h. Il fallait donc compter en moyenne 2h20 pour rejoindre les Portes depuis Sablanceaux. Mais les retards de train ne sont pas que d’aujourd’hui … La décontraction était de mise et il n’était pas rare que le conducteur de train s’arrête pour saluer ses amis dans les champs, ramasser du cresson ou bien pour déposer des voyageurs devant leur porte lorsque cela était envisageable. Un certain 15 juillet 1920, le train est parti avec trois heures de retard ! Le chauffeur avait profité pleinement des festivités du 14 juillet… Les retards des convois étaient devenus monnaie courante.

A partir de 1919, le réseau ferroviaire est précaire. Les charges salariales, l’augmentation du prix des combustibles et l’entretien des rails creusent le déficit. Après 20 ans de bons et loyaux services, d’importants investissements doivent être faits pour garder le réseau en état. De plus, une nouvelle concurrence voit le jour. Un réseau de bus « La Licorne » mis en place par un horloger de Saint-Martin, permet de gagner 45 min pour traverser l’île par rapport au train. Puis, l’évolution du transport par camionnette pour les marchandises et du développement de la voiture en 1920 font perdre drastiquement des clients au Tortillard.

En 1928, la Compagnie des Chemins de Fer Économiques des Charentes disparaît, rachetée par le Département. Le dernier hommage au train est rendu en 1935 le jour de l’Ascension lors d’un ultime convoi. Pendant la seconde Guerre Mondiale, l’armée allemande occupe l’île et s’empare du réseau ferroviaire en 1942. Ils aménagent de nouvelles voies pour transporter des soldats, du matériel militaire et faciliter la construction de bunkers. Après le départ des Allemands en 1945, le train sera définitivement arrêté au mois de juin 1947.

De nombreuses voies ferrés sont aujourd’hui réhabilitée en pistes cyclables et en route. Des vestiges de cette époque sont encore visibles sur l’île, notamment un bout de rail sur le port de Saint-Martin. On vous laisse mener l’enquête !

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