Lors de votre passage à Saint-Martin-de-Ré, vous vous êtes sans doute demandés ce qu’abritait ces grands murs et cette grande citadelle. Vous avez peut-être également entendu parler du passage par l’île de ré avant l’envoi au bagne des colonies. Mais alors d’où viennent toutes ces histoires et qu’en est-il aujourd’hui ?
La citadelle de Vauban est édifiée à partir de 1681, elle a pour vocation de protéger La Rochelle et Rochefort d’éventuelles invasions anglaises. Elle fait office de prison et de caserne jusqu’au milieu du XIXe siècle. A partir de 1854, Napoléon III institue la déportation des forçats condamnés aux bagnes des colonies vers la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. C’est à partir de 1873, que tous les départs se feront à partir de Saint-Martin-de-Ré ; utilisés comme dépôt d’étape et non de bagne. Les hommes arrivent par train de Rennes, Caen ou Fontevrault, les fers aux pieds. Ils font une première nuit à la prison de La Rochelle avant d’embarquer à bord d’un bateau à vapeur depuis le vieux port pour accoster au quai Clemenceau. Une fois sur l’île, les forçats sont fouillés et perdent leur identité au profit d’un matricule porté sur le bras gauche. Les hommes pouvaient rester plusieurs mois sur l’île avant le départ d’un bateau. Deux embarquements étaient effectués par an, le premier au milieu de l’été et le deuxième à la veille de noël. L’ancienne citadelle de Vauban a notamment eu entre ses murs, Séznec et Alfred Dreyfus en 1895.
Après la première guerre mondiale, un seul bateau-bagne continu les traversées, La Martinière, jusqu’en juin 1938. A la Libération, la transportation est abolie, le dépôt devient un centre pénitentiaire, puis une centrale.
Encore aujourd’hui et depuis les années 1700, la citadelle a toujours servi de prison. Elle accueille à ce jour plus de 400 détenues qui purgent de lourdes peines. Sa situation géographique, avec un seul accès terrestre, et sa sécurité particulièrement renforcée en font un lieu difficile pour prendre la poudre d’escampette.
La seule et unique évasion réussie revient à Claude Tenne en novembre 1967, un suisse engagé dans la Légion étrangère et membre de l’Organisation armée secrète. Depuis, la plupart des évasions se font lors des permissions de sortie mais les détenus sont très souvent repris après quelques heures de cavales sur l’île.
De par son emplacement sur un lieu touristique renommé et dont une partie de ses infrastructures sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette maison centrale a un caractère unique en France et sans doute en Europe.